mercredi, juillet 02, 2008

Textes de Marcel


Dedans
Un écran éteint
Dehors
Les réverbères allumés
Dedans
Une famille un nom
Dehors
La chair anonyme
En dedans de moi
Un écran éteint
Point de réverbère
Pas de lumière
Au dehors
Les réverbères allumés
Et la nuit.
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Résonne
La sonnerie du lycée
Mon ennemie
Dans la rue à midi
Immobile
Résonne
En moi le tumulte du sang
La peur divague et s’affole
Et le sang des murs
Cachant d’anciens crimes
Dans la rue à midi
Le silence sourd
Résonne
Mon ennemi
Immobile
La circulation automobile
Sur ses bandages feutrés
Les murs chargés de sous-entendus
Habités de sourires déments
Résonne
Mon ennemie
Immobile
Lointaine la rumeur des foules
En moi le tumulte de la peur
Les lacets déjetés du sang
Les passants au dos cassés
Sous des vices cachés
Les murs s’approchent m’encerclent
A m’asphyxier
Résonne
Immobile
Mon ennemi
Le silence éloquent du vent absent
L’haleine rance des murs
Barbouillés de sang
Sous la peinture
Résonne
Dans ma poche
Mon ennemie
La bouteille
Immobile
Qui clapote et m’attend.
Et mon sang qui se tend.
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La cendre le gravier
Sous mes pas
L’écorce la corde
Sous mes doigts
La peur le bonheur
Sous ma voix.

Le béton le bitume
Sous mes pas
La cendre le pognon
Sous mes doigts
La colère la misère
Sous ma voix.

La terre la misère
Sous mes pas
Le bonheur la colère
Sous mes doigts
Le sang et le chant
Sous ma voix.
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Aujourd’hui
L’aube est une montagne noire
Avec les éclats lisses du charbon.

Aujourd’hui
Le matin n’est point celui des magiciens
Du moins pas encore.

Aujourd’hui
Le jour est un encensoir
Qui oscille comme un pendule, pour de bon.

Aujourd’hui
Le soir est un ciboire d’airain
Fendu tout du long, comme le mien.

Aujourd’hui
La nuit est une montagne noire
Où je viens boire en habits de Bédouin.

Peut-être vous dirai-je le reste demain.
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Moi qui n’ai pas de racines
Je ne dirai la majesté des frondaisons
Ni le jaillissement des troncs
Mais la patiente vigueur des veines
Sinuant au sol avides de nutriments.

Moi qui n’ai pas de fratrie
Je ne dirai le clair obscur des charmilles
Ni les éclats ni les rayons
Mais les haleines lourdes des humus
Leurs vies secrètes, leurs lentes macérations.

Moi qui n’ai plus d’aïeux
Je ne dirai l’été ni l’enchantement des cieux
Ni la profusion des feuilles
Mais les odeurs fortes de la terre
Ses promesses ses gestations.
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Bonsoir (ou bonjour) à toutes et à tous !

Marcel D.


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