jeudi, juillet 03, 2008

...et encore de Patricia

Voyage avec un paquet de savon

Je n’étais pas très avancée dans ma découverte de l’anglais lorsque j’ai rencontré le mot « sunlight ». Bien prononcer [sun-light]. J’ai souri.
La maison de mes parents, les dalles en ciment de la cour, moi six ans jouant avec Gamin, mon chat noir.
La cour était à traverser pour atteindre la buanderie où trônait l’imposante machine à laver dans laquelle ma mère faisait bouillir les blancs. Elle ne jurait que par le savon « Sunlight ». Bien prononcer [sune-liche]. Je revois l’emballage blanc et jaune avec les lettres bleues.
Il y avait aussi une balançoire dans le jardin.

L’odeur du temps

Ton bois en a vu de toutes les couleurs, jusqu’à l’orange des années flower-power. A la Villette, dans l’entre deux guerres, tu étais sous la haute surveillance de mon grand-père.
Interdiction de toucher au balancier ni à la clé ; ça vaut pour les deux grands frères, aussi pour la petite sœur.
Tu as été témoin de tous nos actes importants : mariages, baptêmes, enterrements, ballottée dans autant de déménagements.
Petite sœur va sur ses 78 ans.
Au début de cette année, j’ai fixé le crampon pour t’installer dans mon nouveau chez-moi.
Je t’ai habillée d’une légère patine blanche proche d’un cérusé ; on m’a dit que ça te va bien.
J’ai donné l’élan au balancier et rangé la clef.
Il arrive, lorsque sonne l’heure, que l’odeur particulière de la Villette vienne effleurer mes sens.

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